Thursday 5 December 2013

Pour conclure 2013...

J’ai commencé mon premier vrai projet d’écriture en secondaire 2. C’était une histoire appelée Reset qui mettait en scène un personnage paraplégique (Fay Tsvetana), son alter-ego masculin (pas paraplégique) et un jeu vidéo qui forçait les gens à « peser le bouton reset » de leur vie. C’était directement inspiré du manga éponyme, que j’avais lu dans un magazine, je ne me rappelle plustrop quand. Je pense que la dernière fois que j’ai édité ce projet, qui a changé de nom, de personnages, de contexte et de trame narrative au moins mille fois, c’était en 2011. 5 ans plus tard.

Je ne sais pas pourquoi j’ai un ton si grave ce matin (blame it on the fin de session, ou bien sur le colossal nombre de bilans de 2013 qui vont commencer à surgir de tous côtés d'ici quelques jours) mais j’ai formulé une liste de recommandations à l’égard de l’écrivain et de la personne que j’étais quand j’avais 12-13 ans. L’écriture est quelque chose qui m’a complexée jusqu’à l’année dernière. J’avais l’impression que personne au monde n’avait envie de lire ce que j’avais à dire. Je sais maintenant que c’est faux (ou du moins, j’en ai l’impression). Voici donc, à la Juliette de 13 ans, quelques conseils (qui, s’ils ne lui ont pas profité, le pourront peut-être à d’autres). 

  • N’arrête jamais de lire et ne sois pas gênée d’écrire ce que tu lis. L’année prochaine tu (re)découvriras Daniel Pennac, avec Au bonheur des ogres. Quand tu auras 19 ans, tous les Pennac, ses livres d’enfant comme la saga Malaussène, trôneront encore dans ta bibliothèque. Et tu essayeras encore d’écrire comme lui. La seule manière de dépasser tes idoles passe par l’imitation (ou du moins, tu n’as pas encore trouvé de passe-droit à ce processus). 
  • Ne te lance pas dans de longs projets. Ne s’en suivront que d’amères frustrations et une déception constante. Écris des nouvelles et des poèmes. Écris des paragraphes sur la température dehors qui ne s’insèrent en rien dans de plus longs projets. Écris de longs projets aussi, mais n’en mets pas trop sur toi-même si tu n’aboutis pas. Tu aboutiras bien à quelque chose un jour ou l’autre de toutes façons.
  • Rules are overrated. Les règles de grammaire comme celles sur la forme peuvent être dépassées, transcendées, pliées, modifiées à loisir. Dans la vraie vie des vrais adultes, il n’y a pas grand monde pour te taper sur les doigts si tu te mets à parler in english in the middle of your sentence. 
  • N’arrête pas de lire en anglais mais n’évite pas les traductions. Forge ton propre avis sur ce qu’est une bonne traduction (parce que oui, à 19 ans, tu croiras encore aux bonnes traductions). N’arrête pas de lire en anglais parce que tu trouveras bien vite qu’en général, la littérature française est assez cloisonnée. Et Jack Kerouac n’a pas encore trouvé son égal dans la langue de Molière.
  • Don’t put your head up the ass of the people you love (ça peut-être pas rapport, mais y’a plein de manières de jouer à fouille-cul pis ça reviendra dans la face de personne d’autre que toi)
  • N’aie pas peur de l’opinion des autres et fais lire tes textes à autant de personnes que possible. Aie confiance en ton talent (si talent il y a) et en tes erreurs. La plupart des gens feront juste te dire c’est très bien continue comme ça. Cherche les gens qui te diront c’est pourri. Ceux qui te diront que telle ou telle virgule fait mal respirer ton texte. Ceux qui te montreront les ups and downs de ton vocabulaire. Ceux qui aimeront ton style. Ceux qui détesteront ton style. Cherche les gens qui seront capables de te parler en face et apprends à ne pas avoir peur d’eux. Ça vaut pour la littérature comme pour tout le reste. 
  • N’essaie pas de tout écrire. La ligne d’idée est le mot d’ordre (ça, je m’en suis rendue compte juste lundi dernier, dans le cours de Renée Beaulieu. N’abandonne pas ce cours et apprécie-le, k thanks). Un texte court, une idée, une direction. Un texte moyen, une idée, quelques directions. Un texte long… on est pas encore rendus là. La direction unique te permettra de te concentrer sur ce qui compte vraiment dans ton texte. La voix, le ton, les images, etc. 
  • Accueille les stéréotypes à bras ouverts. Apprivoise-les, maîtrise-les, puis range les dans une maison de verre pour ne plus jamais les ressortir. Sors des sentiers battus, c’est un peu cliché, et pas toujours vrai. Fais attention où tu marches, c’est tout. 
  • Choisis bien tes mots. Ça vaut pour l’écriture comme pour le reste. Pense aux gens que tu aimes. Le style (stylet, même étymologie) est une arme (merci Poétiques modernes et contemporaines). Les paroles sont des armes. Tout ce qui émane de toi peut couper (et tout ce qui émane des autres peut couper, également). Ce n’est pas que ce soit mal de couper, il faut juste choisir qui, et quand. 
  • La réécriture est la clé. Mais ça, à travailler sur les mêmes histoires de 2006 à 2013, tu l’as déjà bien compris.

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